Maurice Franc (1926 - 2013)
Souvenirs croisés
Ici, pas de biographie construite. Pour évoquer Maurice Franc, nous vous proposons des extraits de témoignages présentés lors des Rencontres Maurice Franc dans la rubrique "Souvenirs croisés". Cette page s'enrichira au fur et à mesure des diverses contributions
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Le témoignage de
Jean-Paul Desgranges
Que des souvenirs de qualité !
(...)
… un ami fidèle,
Je vais maintenant terminer.
Nous nous sommes revus souvent. Dans la famille, nous avons quelques statuettes, dont le fameux sanglier qui est peut-être un phacochère (je ne me prononcerai pas là-dessus), quelques belles Vénus, une déesse-mère. Nous y tenons beaucoup. Nous les avons prêtées à Maurice Franc.
Un jour quelqu’un nous a dit :
« - .Oh la la, mais vous n’allez pas les revoir ! ça a de la valeur.
Je suis tranquille, je les reverrai. Aucun souci à ce sujet ! »
Et je les ai revues, bien entendu. Avec les remerciements de Maurice et cette pensée que nous lui avions fait grand, grand plaisir.
Conclusion, dans une vie on a tous des joies, des peines, des moments difficiles, des satisfactions… (...)
Ce que l’on peut établir comme rapports humains, c’est cela qui est important, c’est cela qui est essentiel.
Je ne sais plus qui l’a prononcé, mais il y a une phrase que j’aime bien : « Un souvenir de qualité est la chose la plus importante de la vie ».
En tous cas une des choses les plus durables de la vie.
J’ai avec, pour Maurice Franc, pour Hugues Vertet aussi que nous avons évoqué, et tant d’autres, Gaston ma chère Jeannette bien entendu, que des souvenirs de qualité.
Voilà.
Jean-Paul Desgranges
Septembre 2015
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Le témoignage de
Noël Delmat
Maurice FRANC , un adepte du questionnement
Plutôt qu’un maître à penser (cela lui aurait déplu d’être qualifié ainsi) Maurice Franc était un adepte du questionnement. Il voulait aller au-delà des apparences, des solutions trop satisfaisantes, trop évidentes, toutes faites, plus loin que les interprétations « officielles » à bon compte…
Maurice cherchait à éplucher, décortiquer la réalité pour voir s’il n’y en avait pas une autre sous la première. Il ne voulait pas se satisfaire d’explications trop simplistes, trop « pratiques », qui encouragent la paresse intellectuelle.
Un chercheur qui va voir
Maurice était un vrai chercheur au sens le plus noble : il s’interrogeait sur tout, depuis la plus petite poussière jusqu’à l’immense univers… Les figurines faisaient partie de ces interrogations.
Motivé par notre ami, j’ai parcouru des dizaines de kilomètres, armé de cartes IGN, sur les petites routes autour de Moulins pour retrouver les lieux-dits, les mottes castrales, les vieux chemins gaulois, les partages des eaux, les frontières gauloises, toutes choses dont il nous parlait et aussi parce qu’il professait qu’il fallait « aller voir » !
Un conteur d’histoires
Vous veniez le voir pour une heure, vous restiez trois, car il ne se contentait pas de vous expliquer les choses : c’était un conteur d’histoires.
Il ne parlait pas que des Gaulois ou des Romains, mais aussi des gens du passé proche dans les petits villages du Bourbonnais, brossant de truculents portraits de personnages que je regrette de n’avoir pas notés.
Nos sujets de conversation étaient multiples.
(...)
Noël Delmat
septembre 2015
janvier 2016
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Maurice Franc, expériment’acteur en figurines
Noël Delmat, Michel Pellaton
Membres de L’Atelier Patrimoine de l’AVCA (Association pour la Vie Culturelle d’Avermes) nous œuvrons dans deux domaines essentiels. Tout d’abord nous effectuons le référencement du Fonds Maurice Franc (textes, images, moulages) déposé en Mairie d’Avermes. Nous proposons aussi des conférences, des animations scolaires, des expositions… afin de faire connaître au plus grand nombre les figurines gallo-romaines en terre blanche de l’Allier, poursuivant ainsi la démarche de M Maurice Franc.
Mais qui était Maurice Franc (1926-2013) ?
Nous nous limitons ici à seulement deux aspects de ses travaux, parmi de multiples autres.
En premier lieu nous présentons ses recherches avec M Dominique Lapendry, maître potier à Moulins. Nous évoquons ensuite sa volonté, avec M Hugues Vertet, de reconstituer des figurines entières à partir des très nombreux tessons présents dans les collections publiques ou privées.
- La fabrication de ces figurines
Lors des diverses fouilles archéologiques, des moules bi valves ont été mis au jour. C’est donc que ces statuettes étaient fabriquées par moulage. Afin de retrouver les gestes des potiers gallo-romains, Maurice Franc a demandé l’aide de Dominique Lapendry (fig.1). Ensemble, ils expérimentent. Echecs, erreurs, réussites, améliorations se succèdent. Les étapes retrouvées de cette fabrication sont ensuite expliquées en texte et photographies sur plusieurs panneaux que Maurice Franc expose lors de ses interventions.
Première étape : la réalisation des moules
Le modèle que le potier désire reproduire par moulage est soit une figurine existante, soit une création originale. Ici c’est une Vénus provenant du site gallo-romain de Toulon-sur-Allier. Le potier couche son modèle sur une plaque d’argile (fig. 2), il presse fortement pour imprimer ou estamper le dos dans la plaque en respectant rigoureusement la limite face avant/face arrière. Le modèle porte des marques précises délimitant les deux parties du moule en cours de réalisation. Le potier pratique la même opération pour l’autre face, c’est là que les marques trouvent leur utilité pour permettre une parfaite complémentarité entre les 2 faces lors du moulage. Le socle de la figurine peut être moulé en même temps ou séparément.
Seconde étape : le moulage de la statuette
Le potier peut désormais préparer de nouvelles plaques d’argile dont il va tapisser chaque partie de moule, par pression manuelle pour épouser chaque relief (creux ou bosse) (fig. 3). Cette opération va laisser ses empreintes digitales à l’intérieur de la statuette. Le potier démoule une des deux parties et la place sur celle qui est toujours dans un moule, il enduit les bords de barbotine (glaise diluée) ce qui va permettre de coller les deux faces (fig.4). Dès que la figurine a séché et peut être sortie du moule sans risque de déformation, elle est collée sur son socle. Il est percé à la base d’un trou d’évent pour éviter l’éclatement durant la cuisson. Le surplus de glaise est ébarbé, les contours sont lissés. La statuette est prête pour l’étape suivante : la cuisson dans un four équipé de tubulures pour que les figurines ne soient pas en contact direct avec les flammes et la fumée.
- Reconstitutions et moulages de figurines
Lors de ses expositions et conférences, Maurice Franc déposait en bonne place un panneau (fig.5) sur lequel il avait écrit « A partir des débris le SURMOULAGE restitue les objets dans leur totalité ».
Hugues Vertet expose ainsi les buts poursuivis : « (…) tout cela était un amas de tessons. Aussi le Centre de Recherche et de Documentation sur la Céramique Gallo-romaine, que nous dirigeons et la Société d'Emulation de l'Allier, qu'anime Maurice Franc, se sont-ils attachés à reconstituer les types complets.
La reconstitution put se faire grâce aux nombreux fragments provenant des mêmes moules que recelaient les dépotoirs. Il a d'abord été possible de reproduire graphiquement différents types complets. Dans un deuxième temps, la mise au point de méthodes minutieuses de moulage des tessons, de découpages et d'ajustage... a permis à Maurice Franc des reconstitutions de figurines en grandeur réelle. Mettre à la disposition de nos collègues une première série de reproductions, pour un prix accessible, sans aucun bénéfice pour les auteurs de ces travaux nous a paru utile. » (fig. 6) (Vertet H 1990 page 29)
Les objectifs et la démarche exposés, quelles sont les diverses étapes de ce cheminement ? Les tessons, les morceaux, les débris se trouvent dans les musées : très peu dans les salles d’expositions où ce sont des figurines entières qui peuplent les vitrines, beaucoup dans les réserves. Aussi Maurice Franc va-t-il séjourner longuement dans les sous-sols, avec un seul but : dénicher des morceaux provenant bien sûr d’un même moule (ce qui n’est pas une mince affaire). Les recherches dans les collections publiques ne suffisent pas toujours, aussi Maurice Franc explore également des collections privées. Pendant une fort longue période, il moule, surmoule, découpe, ajuste… pour enfin obtenir un modèle complet.
« Un peu de grattage et d’ajustage et la figurine retrouve son intégrité physique. Les chercheurs en seront aidés. Et les profanes, souvent déroutés par nos pots cassés, pourront contempler les témoins dans leur entier » (Maurice Franc)
Mission accomplie avec succès pour M Maurice Franc qui réalise un nombre considérable d’archétypes en plâtre. Trente d’entre eux sont confiés à M Georges-André Colas, maître potier à Coulanges-les-Nevers. Dans un premier temps ce dernier réalise des moules pour chacun des modèles. Puis il produit les figurines… réunies dans une valise ressources utilisée depuis 1998 lors des animations scolaires, des expositions, des présentations publiques (fig. 7).
Vertet 1990
Vertet H. - Les figurines gallo-romaines de l’Allier : reconstitution, diffusion de moulages. Revue archéologique Sites n° 43 décembre 1990 p 28 à 30 (FMF réf 02)
Franc
Franc M. – Texte, sans titre, dactylographié pour une conférence comportant également les numéros des diapositives projetées. (FMF réf 100)
1 Dominique Lapendry et Maurice Franc dans l'atelier du potier. / Photo FMF
5/ des débris à la figurine reconstituée
6/ Maurice Franc et Hugues Vertet reconstituent des figurines
8/ Valise vitrine avec les copies, Fête des Associations, Avermes 2015 / Photo Noël Delmat
Ce texte a été publié, pages 72 à 75, fin 2017, dans la Revue archéologique de l'Allier n° 1, une réalisation du Service d'Archéologie Préventive du Département de l'Allier (SAPDA).
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Date de dernière mise à jour : 22/01/2020
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