Citation : " (...)Viennent ensuite les nourrices (images de la terre nourricière), assises dans un fauteuil d'osier et allaitant  un ou deux enfants. Ce "lien du lait" est unique dans l'Occident romain, et typiquement gaulois." 

Maurice Franc "Les figurines de terre blanche de l'Allier" Bulletin de la Société d'Emulation du Bourbonnais, 1er trimestre 1990

Bascher Anne-Catherine

Ce texte signé Anne-Catherine Bascher a obtenu

une mention spéciale (*)

du Concours de Nouvelles 2019

organisé à Avermes (03000) conjointement par

La Passerelle (médiathèque d'Avermes)

et

L'Atelier Patrimoine de l'Avca.

(*) "Ce texte ne correspond pas aux critères imposés par le règlement du concours de nouvelles. Toutefois, compte-tenu de sa qualité d’écriture, les membres du jury lui ont décerné une mention spéciale".

 

Mg 8951

Photo : Dominique Boutonnet

 

Ce texte est la propriété de son auteur.

Aucune utilisation ne peut être envisagée

sans avoir obtenu au préalable son accord.

Un texte de Anne-Catherine Bascher

 

JE SUIS LE TEMPS QUI PASSE

 

 

Je suis Chaos !

J'étais là.

Abîme sans fond,

Gouffre infini.

Balbutiements de l'Univers.

 

Je suis Gaïa !

Née du fracas de Chaos.

Je surgis d'un grand souffle.

Et contemple l'absence.

Désir.

 

Je suis la mer !

Née de Gaïa.

Avec mes soeurs montagnes,

Et mon frère Ouranos, le ciel étoilé.

Rencontres.

 

Je suis Cronos le Titan!

Né d'Ouranos et de Gaia,

Le premier couple divin.

Géniteur violent,

Je mange mes enfants.

 

Je suis Poséidon!

Né de Cronos et de Rhéa,

Dieu de la mer et de toutes les eaux,

Je possède un trident,

Et domine les flots.

 

Nous sommes le peuple des Dauphins!

Tant de légendes nous unissent aux hommes

Nous sommes leurs frères marins.

Et par notre bonté

Venons en aide aux naufragés.

 

JE SUIS LE TEMPS QUI PASSE

 

Je suis Arion de Méthymne!

Né d'Hérodote l'Historien.

Navigant en Sicile, on convoita mes biens.

Je suis l'envoutant musicien,

Sauvé par un dauphin.

 

Je suis celui-là même, qui recueillit Arion!

Par sa complainte chantée, mon âme fût ravie,

Je fus donc attiré et je le rejoignis,

Lorsqu'il fut mis à l'eau,

Je le pris sur mon dos.

 

Nous sommes toutes ces autres légendes !

Racontant en leur temps,

L'histoire d'un Bienheureux

Qu'un dauphin obligeant

Transporta sur sa queue.

 

JE SUIS LE TEMPS QUI PASSE

VOICI LE TEMPS DES HOMMES

 

Je suis cette argile blanche!

Née entre Loire et Allier,

Sans oxyde métallique, j'incarne la pureté.

Hommes, animaux, déesses,

Tout est en devenir.

 

JE SUIS LE TEMPS QUI PASSE

 

Je suis Fiorix le potier!

Né à Toulon sur Allier.

En travaillant la terre, je lui donne la vie.

J'obéis aux commandes et travaille par moulage:

C'est ici devenu notre propre industrie.

 

je suis Sinorix I Né d'Agérix, lui-même né de Fiorix.

Un homme et un dauphin,

Sont sortis de mes mains,

Mais peu à peu tristement, les commandes s'espaçant,

Dans quelques décennies, mon four sera éteint.

 

Je suis cet orage ravageur !

Sur le village d'Yzeure.

Et peut-être arriva, qu'une nuit de folie,

Et par un incendie,

Poteries, ateliers, biens : tout ait été détruit.

 

JE SUIS LE TEMPS QUI PASSE

 

Je suis Edmond Tudot!

Parmi tant d'autres fouilles, j'ai trouvé la statuette.

Belle, lisse, blanche, le dauphin souriait.

Et le Bienheureux, à peine blessé au pied,

Finissait enfin cette longue Odyssée.

 

Je suis Alfred Maury! Voici ce que j'ai dit:

Au terme de sa vie, par un dauphin porté

L'homme apaisé se rend, aux îles Fortunées

 

Je suis Maurice Franc!

Par toutes mes connaissances, j'aide à chercher le sens

 

JE SUIS LE TEMPS QUI PASSE

 

Je suis Celui dont on oublie le nom !

Et celui-ci encore,

Qui connût le même sort.

Conservant, transportant, ressortant, époussetant...

La vie des figurines, se tient entre nos mains.

 

Nous sommes ces anonymes !

Arpenteurs de musées,

Heureux de découvrir, regarder, contempler,

Ces témoins gallo-romains,

En terre blanche de l'Allier.

 

JE SUIS LE TEMPS QUI PASSE

ET LE TEMPS PASSERA

 

Nous sommes ceux qui, dans cent ans, dans mille ans !

Verrons ce Bienheureux, porté par un dauphin.

Et rendrons grâce à ceux, par qui ce fût possible.

Nous demandant aussi, quelle en fût la genèse,

Respectant à jamais une part de secret.

 

JE SUIS LE TEMPS QUI PASSE

 

Je suis celle qui écrit !

J'essaye de comprendre.

Invisible maillon, prenant part à la chaîne,

Je désire partager cette merveilleuse histoire

Qui parle d'un temps ancien, inscrit dans nos mémoires.

 

JE SUIS LE TEMPS QUI PASSE

 

JE SUIS LE TEMPS QUI PASSE…

 

FIN

 

 

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